Tafilelt : La nouvelle ville

Ecrit par tafilelt sur . Publié dans PRESSE

Il y a dix ans, sur une colline rocailleuse, un projet unique en son genre a vu le jour à Ghardaïa. Ksar Tafilalt Tajdite est en vérité un nouveau ksar, surplombant Beni Izguen, qui compte plus de 800 maisons traditionnelles bâties dans le cadre d’un projet social à but non lucratif. Initié en 1998 par la fondation Amidoul présidée par M. Ahmed Nouh,

Docteur en pharmacie et un des notables mozabites de la vallée du Mzab, le projet Tafilalt vise à rétablir certaines coutumes ancestrales basées sur la foi et le «compter sur soi» qui ont permis aux oasis en général et à celles du Mzab, en particulier, d’amadouer un environnement hostile et de bâtir ce qui est maintenant mondialement connu comme étant une architecture millénaire digne de l’appellation «développement durable ». Alliant les pratiques et les valeurs de cohésion et d’entraide sociales et les normes, selon les exigences que requiert l’habitat contemporain, Tafilelt est une ville nouvelle qui s’inscrit dans une optique écologique et sociale. «Tafilelt est pour nous un acte de militantisme. Et le militantisme est loin d’être seulement de la ‘’tchatche’’, sinon des actions concrètes en faveur de la société», nous confie M. Ahmed Nouh qui nous fait visiter le nouveau Ksar. «Notre principal objectif est de rendre le logement à la portée de tout le monde. Toutefois, nous ne voulions pas voir pousser dans notre vallée des cités dortoirs ou des ghettos comme c’est le cas dans le nord», décrète Nouh qui poursuite plus loin : «Le logement traditionnel du M’zab a été notre source d’inspiration dans la réalisation de ce projet. Tout en l’adaptant aux commodités de la vie contemporaine, tel que l’introduction de l’élément «cour» pour augmenter l’éclairage et l’aération de l’habitation ainsi que l’élargissement de ses espaces intérieurs, nous avons maintenu aussi la hiérarchisation des espaces, l’utilisation des matériaux locaux à l’image de la pierre, le plâtre et la chaux. On a maintenu également le principe des ruelles étroites qui s’entrecoupent pour casser les vents de sable. Tout cela est réalisé pour restituer l’esprit du ksar».

Pour M. Nouh et tous les autres responsables du projet de la ville nouvelle de Tafilelt, le patrimoine culturel ancestral peut, lui aussi, concourir à la résolution du problème du logement. Pour cela, les institutions sociales traditionnelles doivent intégrer l’héritage architectural ancien dans l’environnement rationnel du bâtiment. Dans la mise en oeuvre de son foyer, l’homme ne doit pas porter atteinte à l’environnement naturel. Ce sont là les axes les plus importants du projet de Tafilelt. «Face à la menace de la ‘’bétonisation’’ de la vallée, nous avons conçu ce projet pour proposer des logements à des prix modestes qui correspondent aux spécificités architecturales et culturelles de la vallée du M’zab. C’est pour nous aussi une nécessité de réagir à la disparition programmée de nos palmeraies», souligne à ce titre M. Nouh.

Concernant les bénéficiaires, ils sont éligibles, qur la base de critères étudiés. Ainsi, il est impossible de pouvoir accéder à un logement dans la ville de Tafilelt si on est déjà acquéreur d’un autre logement. «Le projet concerne uniquement la couche défavorisée et les gens nécessiteux dont le salaire ou les moyens financiers ne peuvent leur permettre d’avoir droit à un logement. Par ailleurs, l’apport personnel des bénéficiaires doit être de l’ordre des 30% à 40% du coût global de la maison qui peut aller de 1 à 2 millions de dinar, selon les trois modèles de logements disponibles. Le reste, le bénéficiaire le paiera, selon un échéancier et ce, après avoir pris possession de sa maison», fait remarquer M. Nouh.

Signalons, enfin, qu’un parc des espèces animales et végétales des zones désertiques, initié par la fondation Amidoul, est en cours de réalisation dans la périphérie de Tafilelt. Ce futur parc comprendra des espaces verts, une station d’épuration des eaux usées, une station d’énergie solaire, un laboratoire scientifique et une salle de conférences. A l’instar de Tafilelt, cet espace de verdure verra le jour dans une zone rocailleuse. Comme quoi, dans la cité des mille et une passions, on ne manque point d’imagination pour faire des déserts les plus inhospitaliers, des oasis enchanteresses. En clair, le nord du pays a beaucoup à apprendre du sud.

Semmar Abderrahmane, http://www.lemidi-dz.com/

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